La Fournaise

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SOIXANTE QUINZE ANS

SOIXANTE  QUINZE  ANS

Je me suis réveillé, ce matin là, un peu plus tôt que d’habitude. Je savais pertinemment que le téléphone ne tarderait pas à sonner en ce 24 avril, date de mon anniversaire. Lorsque j’étais beaucoup plus jeune, je me suis souvent imaginé que ma vie, à moins que je ne parte avant, s’arrêterait à soixante dix ans. Ne cherchez pas à comprendre pourquoi ; je n’ai pas, moi-même, la réponse.

Après que je me sois tâté les bras et les jambes pour m’assurer que j’étais bien vivant, j’ai pris la direction de la salle de bains pour me regarder dans la glace. Je n’ai jamais compté mes cheveux blancs, c’est pourquoi je ne saurais dire si leur nombre avait augmenté au cours de l’année écoulée. Quant aux rides, elles n’étaient pas non plus davantage perceptibles. Quelque peu rassuré, je suis sorti prendre quelque chose mais, une fois dehors, je ne me suis plus souvenu de ce que j’étais allé chercher. Je me doute un peu de ce à quoi vous pensez ; pour ma part, j’appellerai ça plutôt un trou de mémoire. A soixante quinze ans, il est normal d’avoir des trous de mémoire.

Passé cet anniversaire pas tout à fait comme les autres, parce que trois quarts de siècle ce n’est tout de même pas rien ou plutôt, c’est beaucoup pour un homme – Voltaire l’avait compris, lorsqu’il écrivait (Correspondance): "J’approche tout doucement du moment où les philosophes et les imbéciles ont la même destinée" – j’ai réalisé que j’avais beaucoup de chance d’être encore en vie et j’ai décidé de profiter pleinement du temps qui me reste.



01/07/2012
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