La Fournaise

La Fournaise

LA ROCHE ECRITE

 

LA  ROCHE  ECRITE

 

C’était le 19 janvier dernier. Pour nous rendre à la Roche Ecrite, nous n’avions pas choisi le trajet le plus court. Roger, mon neveu, m’avait présenté cette sortie, si non comme une promenade de santé, du moins comme une agréable randonnée, sans difficultés particulières. Fort de ses explications, je n’ai eu aucun mal à convaincre mes amis de m’accompagner sur le sentier qui va de Dos d’Ane à la Roche Ecrite. La veille de notre randonnée, ma sœur Marie-Thérèse, avait bien tenté de me dissuader sans, pour autant, arriver à me convaincre.

Peu avant six heures, nous étions quatre marcheurs à prendre le sentier qui part de la route du Cap Noir. A cet endroit, les randonneurs ont pour habitude de laisser leur voiture, sans surveillance particulière. Le temps pour nos muscles de s’échauffer, nous arrivons au kiosque pour une première série de photos. A cette heure matinale, le soleil qui vient tout juste de se lever, sur le cirque de Mafate, illumine remparts et pitons qui s’offrent à nos regards émerveillés. Après une pause de quinze minutes, tout au plus, nous entamons la montée qui conduit à la roche verre bouteille. Deux échelles, solidement ancrées dans la roche, facilitent l’accès au site. La roche verre bouteille, qui se dresse au milieu du paysage, donne effectivement la curieuse impression d’avoir été recouverte avec du verre pilé. Le temps d’une photo et nous poursuivons - Marie-Thérèse, Jean, Nicol et moi - notre chemin.

 

 La Roche Verre Bouteille

Mon neveu m’avait aussi parlé de la Crête, un passage étroit et délicat, qu’on doit impérativement emprunter pour rejoindre le sentier qui mène à la Roche Ecrite. Peu de temps après être partis de la Roche Verre Bouteille, nous nous sommes retrouvés sur l’étroit passage, bordé, sur notre droite, par le Cirque de Mafate, et, sur notre gauche, par le petit village de Dos d’Ane, niché au pied du rempart. Je mentirais, si je vous disais qu’en cet instant, je n’ai pas eu quelques frissons. Les yeux fixés sur le sac à dos de celui qui me précédait, j’ai parcouru, au pas de charge, la bande étroite qui s’étire sur quelques centaines de mètres, à peine.

 

Le sentier, sans être vraiment boueux, nous expose à quelques glissades sans gravité. Je ne saurais dire depuis combien de temps nous marchons, lorsque nous pénétrons dan la Plaine d’Affouches. Les tamarins des hauts, tordus par le vent et la pluie, offrent aux randonneurs un paysage tourmenté. On se laisse volontiers photographier, sous un tamarin qui dessine, au milieu des fougères arborescentes, une arche beaucoup plus élégante et beaucoup plus naturelle que l’Arche de la Défense. Que les amateurs d’art me pardonnent cette comparaison, mais j’ai tellement eu envie de la faire.

 

 L'arche naturelle

Guidé par un petit Tec-Tec, nous poursuivons notre marche, jusqu’au gîte planté au milieu de la plaine des Chicots. Tandis qu’un groupe de jeunes s’apprête à gravir les derniers kilomètres qui mènent à la Roche Ecrite, nous profitons de cette pause, pour nous rafraîchir et faire provision d’eau. La dernière étape est la plus dure. Peu après notre départ du gîte, nous avons marché sous le soleil, pour atteindre le sommet aux environs de midi.

Au fond du cirque, le petit village de Salazie joue à cache-cache avec l’objectif de nos appareils photos jusqu’à ce qu’il se décide à lever un coin de son voile de brume, juste le temps, pour nous, de prendre une photo souvenir. Il n’y en aura pas d’autres. A l’ombre d’un bouquet d’arbustes, nous défaisons nos sacs à dos au fond desquels, le pain et la charcuterie voisinent avec ce qui nous reste de fruits secs. Cette fois, la bière et le vin sont restés à la maison et mes compagnons vont se contenter de l’eau du robinet.

La pause repas aura duré moins d’une heure car nous savons maintenant ce qui nous attend. Notre inquiétude est d’autant plus grande que les premières gouttes de pluie commencent à tomber sur le site. Nicole a déjà ouvert son parapluie, alors que nous venons tout juste, de reprendre notre route. Il s’agit, en fait, d’une fausse alerte et nous aurons du beau temps sur tout le parcours. Nous avions projeté de prendre le café au gîte mais le gardien n’a pas jugé utile de nous accueillir. Encore un bon point pour le tourisme, me suis-je dit…

Le gîte de la plaine des chicots

La longue descente s’effectue sans incident notable jusqu’à la Roche Verre Bouteille. Le but est tellement proche que j’ai du mal à envisager plus une quelconque défaillance. Pourtant, mes orteils commencent à me faire souffrir au point que je dois me résoudre à laisser filer mes compagnons. Le soleil, en cette saison, ne s’est encore pas couché et je ne suis pas inquiet. Sur le parking, je retrouve, cependant, avec soulagement : Marie Thérèse, Nicol et Jean qui m’auront, finalement, devancé de peu.

Notre randonnée aura duré douze heures et nous aurons, tout de même, marché pendant près de onze heures. C’est bien ce que nous avions prévu, le matin même. Bien calé sur le siège de la voiture, qui nous ramène à Bois-de-Nèfles, je ne peux m’empêcher d’exprimer la fierté d’un vieux bougre de 74 ans, qui a réussi ce que beaucoup de jeunes gens, aujourd’hui, hésiteraient à entreprendre.

Vantard ! dira Yvette, lorsque je serai de retour à la maison.

 

 

 

 

 



25/04/2011
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