La Fournaise

La Fournaise

L'ILET ALCIDE

 

L’ILET   ALCIDE

Après avoir lu le très bon reportage réalisé, sur son blog, par mon ami Nicol, je n’ai pas résisté à l’envie de vous parler, à ma façon, de la randonnée que nous avons faite, le jeudi 22 juillet de cette année 2010.

Des amis m’avaient souvent parlé de l’îlet Alcide, situé quelque part dans les Hauts de Saint-Paul. A l’époque, je marchais très peu et, une randonnée dans ce coin perdu, ne m’inspirait vraiment pas. Ce n’est qu’après avoir découvert le chemin Vital et, plus récemment, le chemin des Anglais, que j’ai éprouvé l’envie de découvrir autre chose, au sein de notre petit groupe de marcheurs. Nous nous sommes posés la question: Pourquoi pas l’îlet Alcide? Ma sœur Marie-Thérèse qui connaissait le chemin, pour l’avoir fait par deux fois déjà, ne s’était pas fait prier pour nous accompagner.

Confiants en notre guide, nous sommes partis de Bois-de-Nèfles aux environs de sept heures, alors que le soleil venait à peine de se lever. Après avoir roulé un peu plus d’une demi-heure, nous avons garé nos voitures au bout de la route forestière, appelée route des Cryptomérias. La température, plutôt fraîche en cette saison, ne nous a pas incités à nous attarder sur le parking. Tout juste avons-nous jeté un coup d’œil sur la table d’orientation avant de prendre le sentier qui mène à l’îlet Alcide. En deux heures à peine, nous avons effectué le trajet qui ne présente pas, il faut bien le dire, de difficultés particulières, par temps sec.

L’îlet Alcide, ce n’est qu’un boucan presqu’entièrement démoli, à proximité d’une piste pour hélicoptère, envahie par les herbes sèches. A première vue, rien d’extraordinaire en quelque sorte. Lorsqu’on s’approche de la falaise, un merveilleux panorama s’offre aux yeux des promeneurs. Sous nos pieds, Mafate fait son cirque entre pitons et remparts à peine voilés par le brouillard qui commence à se lever. La batterie de mon appareil photo, mise à rude épreuve, ne tarde pas à donner des signes de faiblesse. Je dois l’économiser, des fois que la nature continuerait à se donner en spectacle sur le chemin du retour.

Il faut dire que, nous avons déjà envisagé de faire une boucle pour regagner nos voitures. Il fait si beau en cette matinée de jeudi; et puis, nous avons pris beaucoup d’avance sur l’horaire prévu. Tandis que nous déballons nos provisions sur l’une des deux tables en bois qui meublent le site de l’îlet Alcide, je m inquiète du temps qu’il nous faudra pour rentrer à la maison.

L’arrivée du Tour de France doit avoir lieu, pour la dernière étape de montagne, au sommet du Tourmalet. Je ne veux pas rater cette arrivée qui mettra en compétition deux des meilleurs coureurs. Mes compagnons de route ont tôt fait de me rassurer. La boucle que nous envisageons de faire devrait nous coûter une petite demi-heure de plus, selon leurs prévisions. Raison de plus pour ne pas bouder le saucisson et le jambon qui nous font de l’œil au milieu des fruits séchés et des baguettes de pain, achetées le matin même dans une boulangerie de Bois de Nèfles. Serait-ce un tour de magie? Une petite bouteille de vin fin, rien qu’une mignonnette, apparaît au milieu du repas, apportant réconfort au petit groupe de randonneurs.

Après avoir rangé au fond de nos sacs les restes de provisions, nous prenons le chemin du retour sans la moindre inquiétude. Marie-Thé, qui ouvre la marche, a pris, sans hésitation, le sentier qu’elle se souvenait avoir emprunté, deux ans plus tôt, en compagnie de notre sœur Rita et de son mari. Ce dernier, qui n’a pas la réputation d’un grand marcheur, ne se serait certainement pas aventuré sur un parcours réservé, en d’autres circonstances à ceux qui participent au « grand raid ». C’est donc en toute confiance, que j’emboîte le pas à ma sœur Marie Thérèse. A quelques mètres derrière nous, Marie-Lys, Nicol et mon frère Jean suivent tranquillement, sans crainte de se faire distancer.

Après deux heures de marche, nous n’avons pas le sentiment d’avoir gagné beaucoup de terrain. Tandis que nous poursuivons notre route sur le sentier des remparts, le chant d’un merle ou le vol d’un papangue, vient nous rappeler que nous sommes toujours en forêt. Depuis un long moment, Marie-Thérèse s’est arrêté de parler et ce silence n’est pas de bon augure. Les aiguilles de ma montre marquent deux heures de l’après-midi et le parking, où sont garées nos voitures, n’est toujours pas en vue. La fatigue commence à nous gagner et je m’inquiète, d’autant plus que le parcours, sur lequel nous a entraîné ma chère sœur, n’est pas des plus faciles. Il y a surtout ces hautes marches, faites de rondins, qu’il faut escalader après avoir plongé dans le lit des cours d’eau, asséché par un hiver austral qui ne dure que depuis quelques semaines. Je me dis que, pendant la saison des pluies, l’aventure risquerait d’être périlleuse.

La fatigue n’a pas altéré notre bonne humeur et les plaisanteries fusent çà et là entre une série photos et une pause pipi. Après cinq heures de marche, environ, nous atteignons enfin les sommets, dans tous les sens du terme. La présence de genêts sur le site ne laisse place à aucun doute ; nous sommes  au Maïdo, soit à plus de quinze kilomètres de nos véhicules. La longue descente  commence, sur la route asphaltée qui relie le Maïdo à la Petite France et, un peu plus bas, au Guillaume.

E cette période de vacances, la route du Maïdo est très encombrée. Nous devons slalomer entre les voitures et les autocars, très présents sur le site en cette période de vacances scolaires. Pour compliquer la situation, des engins de travaux publics effectuent des travaux liés à l’implantation d’un observatoire, comme celui construit aux Makes depuis plusieurs années. Nous avons avalé presque en titubant, du moins en ce qui me concerne, les tous premiers kilomètres, lorsqu’un automobiliste complaisant, sollicité par Marie-Lys, s’immobilise sur le bas-côté de la route. Marie-Lys et moi, sommes les seuls à monter dans la voiture tandis que les trois autres continuent de marcher avec le secret espoir que nous viendrons les récupérer, sans trop tarder. A l’entrée de la route forestière, nous descendons de voiture, presque à regret.

Marie Lys et moi cheminons maintenant sur la route forestière, en bordure de laquelle, à cette heure tardive, des couples d’amoureux ont trouvé refuge dans leur voiture. Nous n’avons plus une goutte d’eau et seules deux mandarines, restées au fond de mon sac à dos, vont nous permettre d’étancher notre soif. Je tente de me persuader que le chemin  à parcourir n’est plus très long mais les bornes kilométriques sont là pour me ramener à la dure réalité.

 Nous commençons à désespérer, lorsqu’au détour du chemin, nos voitures, qui s’étaient inquiétées de notre longue absence, nous apparaissent, soulagées presqu’autant que nous. C’est avec ma petite Starlet que nous allons Marie-Lys et moi à la rencontre de nos infortunés compagnons. Ces derniers viennent tout juste d’emprunter la route forestière et ne se font pas prier pour monter, à leur tour, dans la voiture. Après les avoir déposés au bout de la route, nous faisons demi-tour, Marie-Lys et moi avant de rejoindre le Bois-de-Nèfles.

Lorsque je suis arrivé chez moi, ce jeudi, les coureurs du Tour de France n’avaient pas encore entrepris l’ascension du Tourmalet. En direction de Saint-Paul, le soleil s’enfonçait lentement dans un bain d’or et de sang tandis que mon petit chien Rocky s’apprêtait à hurler à la mort, aux premiers sons de cloche qui annoncent l’Angélus.

On me dira ce qu’on voudra, mais ce fut tout de même une bien belle randonnée!

 

 



02/08/2010
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