La Fournaise

La Fournaise

IL ETAIT UNE FOIS...

IL  ETAIT  UNE  FOIS

Il était une fois, un vieil homme qui vivait seul dans une grande maison créole, construite sur un terrain de plus d’un hectare. Dans le village, on ne lui connaissait aucune famille et peu de gens se souciaient des conditions dans lesquelles il vivait. Abandonné à son triste sort, le vieil homme, avant de quitter ce monde, avait légué tous ses biens à l’Eglise. A sa mort, ils furent vendus aux enchères et achetés par une famille du village. Après avoir été malmenée par les cyclones et par les termites, la vieille maison fut détruite quelques années plus tard pour laisser la place à une maison en dur sans doute plus solide, mais avec beaucoup moins de charme.

Personne, ou presque, ne se souvient aujourd’hui de ce vieil homme et du lieu où il avait été inhumé. Il y a, tout juste quelques semaines, alors que je me trouvais dans le cimetière de Bois-de Nèfles, mon regard fut attiré par une tombe située à quelques mètres à peine du caveau de mes parents. Je n’avais aucune raison particulière de m’intéresser à cette tombe si ce n’est l’état d’abandon dans lequel elle se trouvait. Chez nous, les gens ont un grand respect pour ce qu’on appelle la dernière demeure de nos chers disparus. Qui donc pouvait avoir laissé à l’abandon cette tombe, recouverte d’un béton grossier et envahie par les mauvaises herbes ? Poussé par la curiosité et, peut-être aussi par la compassion, je me suis approché sans me douter de ce que j’allais trouver.

 Fixée sur le béton, une plaque de métal portait une inscription que j’ai pu déchiffrer sans trop de mal. A ma grande surprise, je découvrais la sépulture de ce vieux monsieur disparu depuis plus de soixante dix ans, après avoir – est-il nécessaire de le rappeler – laissé tous ses biens à l’Eglise… Comme tous les simples d’esprit, je suis croyant et, plutôt que de m’offusquer, je me suis dit que Dieu, beaucoup plus généreux que ses représentants sur terre, aura certainement, récompensé ce vieux monsieur en lui offrant une place dans sa belle et vaste demeure.

Et la reconnaissance ?

            La reconnaissance a la mémoire courte. (Benjamin Constant)

 



02/06/2011
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