La Fournaise

La Fournaise

L'ECOLE BUISSONNIERE

 

L’ECOLE  BUISSONNIERE

L’école buissonnière était gratuite ou presque; tout juste pouvait-elle nous coûter une bonne fessée que les parents, à cette époque, pouvaient encore infliger à leur progéniture, sans crainte de se retrouver devant les tribunaux. Faire l’école buissonnière, comme on le dit, ne nécessitait pas de dispositions particulières. Peut-être fallait-il un peu plus d’audace que pour se présenter au concours de l’ENA.

Dans cette école, ouverte aux quatre vents, nous étions à la fois profs et élèves. Attentifs au moindre bruit, nous restions pendant des heures en bordure d’une ravine, planqués derrière un épais rideau de chokas sur lequel se posaient des oiseaux qui ont pour noms: Bélier, cardinal ou bec-rose. De temps à autre, des pas, sur la route située en contre bas, venaient nous rappeler que tout risque d’être surpris n’était pas écarté.

Pour éviter de se faire repérer par les enseignants, il valait mieux ne s’absenter qu’une journée, peut-être même un après-midi, le temps d’échapper à une interrogation qu’on n’avait pas préparée. Avant de reprendre le chemin de l’école il ne fallait surtout pas oublier le fameux « billet d’excuse » qui mentionnait, expressément, le motif pour lequel tel élève avait manqué la classe. Le précieux sésame devait être signé par les parents ou par toute autre personne ayant autorité. Dans le cas présent, une Mamie complaisante, à moins que ce ne fût une Tatie, se laissait attendrir et signait le « billet d’excuse » en rechignant, pour se donner bonne conscience. Pour avoir voulu me sortir d’affaire tout seul, j’ai pris une bonne raclée que je ne suis pas prêt d’oublier.

Après avoir rédigé, en termes plus que fantaisistes, mon « billet d’excuse », j’avais imité la signature de notre tante Ursule qui ne transigeait jamais sur ce qui se rapportait à mon éducation. La signature de ma tante avait été si mal imitée, que mon maître n’avait eu aucune peine à me confondre. Les quelques coups de fouet, administrés sur mes fesses, ont mis fin brutalement à une carrière de faussaire qui promettait déjà. Comme quoi, quelques coups de fouet, appliqués avec méthode, peuvent changer le destin d’un individu.

Et l’école buissonnière, dans tout ça, me direz-vous?

J’étais monté en grade et, quand on est pensionnaire dans un lycée, il est beaucoup plus difficile de sécher les cours de cette manière. En compagnie de deux ou trois camarades, j’allais connaître des sensations beaucoup plus fortes et beaucoup plus grandes de conséquences avec l’expression: «Faire le Mur». Dans le passé déjà, plus d’un pensionnaire avaient été exclus du lycée après s’être livré à ce genre d’exercice. Ce n’était qu’un avant-goût de ce que me réservait le service militaire… Un entraînement en quelque sorte…

 



24/01/2010
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