La Fournaise

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L'AVIS DES ANIMAUX

L’AVIS DES ANIMAUX

Photo : Georges et ses chiens.

Je me suis essayé à faire parler mes chiens, face au battage médiatique provoqué par les récents accidents survenus ici même, après ceux – beaucoup plus graves – survenus en France Métropolitaine. L’Eglise dit que les animaux n’ont pas d’âme. S’ils n’ont pas d’âme, les animaux ont une sensibilité que beaucoup d’hommes pourraient leur envier. S’adressant aux hommes, écoutez ce que m’ont dit mes chiens, dans leur langage de chiens:

            « Pourquoi cet acharnement contre nos frères que vos lois classent aujourd’hui par catégories, comme des boxeurs? Parce que certains d’entre nous ont commis des actes barbares que nous nous condamnons, vous portez atteinte, une fois de plus, à nos libertés individuelles. Vos médias nous présentent comme de dangereux terroristes tandis que certains vont même jusqu’à réclamer la mise à mort de nos frères, coupables d’appartenir à telle ou telle race (un génocide, en quelque sorte). Pour un seul d’entre nous coupable de ces violentes agressions, combien d’entre vous violent, tuent, massacrent même, sans être inquiétés outre mesure?

            Avec le collier anti-aboiements, on voudrait jusqu’à nous interdire de nous exprimer; Toi même, mon maître, tu m’en as offert un pour mon anniversaire. Heureusement pour moi, il n’a pas fonctionné. Même si les soirs de pleine lune il nous arrive, avec quelques copains, de donner une sérénade à cette Reine des Nuits, est-ce une raison suffisante pour nous accuser de tapage nocturne? Depuis quand, mes amis et moi, nous sommes nous plaint de vos sonos et de vos cyclos qui, jusqu’au lever du jour parfois, crachent leurs décibels dans les villes et les campagnes environnantes? Savez vous combien de nos frères rendus fous par vos pétards ont perdu la vie en traversant la route, un soir de Noël ou de Nouvel An? Il y a bien des chiens policiers mais ils n’ont pas été formés – pardon, dressés – pour assurer notre sécurité, mais la vôtre.

            Plutôt que de montrer, sans cesse, nos frères enchaînés, muselés ou secouant désespérément les barreaux de leur cage, pourquoi ne pas montrer ceux d’entre nous, fouillant les décombres d’un immeuble après un séisme, grattant la neige après une avalanche ou s’opposant, grâce à leur flair, aux trafiquants de drogue, qui empoisonnent vos propres enfants? Et que dire de nos semblables qui guident, avec un inlassable dévouement, ceux d’entre vous qui ont perdu la vue? IL est vrai que nos frères, après avoir été arrêtés – pardon, capturés – ne peuvent pas se cacher sous une couverture, comme le font ceux de votre race après avoir commis leur crime.

            Nous, la gent canine, nous aimons vos enfants, à condition qu’ils ne nous tirent pas la queue; que feriez-vous, à notre place, si cela devait vous arriver? (ça vous fait rire, pas nous). Lorsque vous êtes agressés, vous les humains, vous pouvez toujours vous plaindre aux autorités. Il se trouvera toujours un avocat pour plaider votre cause. Nous, les bêtes, nous n’avons que nos crocs pour nous défendre.

Lorsque vous êtes dans la détresse, les associations se disputent le droit de vous venir en aide; nos frères, abandonnés par leurs maîtres, obligés de mendier quelque nourriture, sont souvent accueillis à coups de galets ou de sabre à cannes quand ils ne sont pas ébouillantés ou empoisonnés. Et, que dire de nos enfants que vous avez martyrisés avant de vous en servir comme appât pour pêcher les requins?

Tandis que beaucoup d’entre vous coulent une retraite paisible, combien d’entre nous finissent leur chienne de vie à la fourrière, euthanasiés après un bref séjour dans les couloirs de la mort ».

Lara s’est approchée de moi, le museau posé sur mes genoux. Dans son regard de chien, ce regard magnifique, il n’y avait pas de révolte mais une infinie tendresse. En la caressant, je me suis souvenu de ces vers de Vigny:

« Hélas ai-je pensé, malgré ce grand nom d’Homme,

Que j’ai honte de nous, débiles que nous sommes ».

 (Alfred de Vigny: La mort du Loup)

P.S. Au nom de tous les Animaux maltraités ou abandonnés, je remercie La S.P.A. et ses bénévoles pour le travail qu’ils font avec les moyens dont ils disposent.

Mes commentaires

En ce qui me concerne, je note que la plupart des victimes, et notamment les enfants en bas âge, ont été agressées, à domicile, par le chien du Papy, du Tonton ou de la Tatie, d’où les recommandations de tous ceux qui ont étudié le comportement des animaux: «Ne jamais laisser un enfant en compagnie de chiens qui peuvent être dangereux». Quant aux agressions commises dans les lieux publics par ces mêmes chiens, dressés pour tuer par des voyous, il y aurait des mesures à prendre, non pas contre les animaux, mais contre ceux qui les utilisent pour commettre leurs forfaits.

            On nous apprend que depuis 1989 on recense, en France, trente personnes tuées par les chiens. Trente personnes de trop me direz vous et vous aurez raison. Et, encore vous, d’ajouter que la vie d’une seule personne vaut mieux que celle de milliers de chiens. C’est vous qui le dites et vous avez- encore raison; quoique…Que dire, dans ces conditions, des centaines de milliers de gens disparus – non pas en vingt ans, mais en quelques mois – dans des attentats, dans des massacres comme ceux perpétrés au Rwanda? Que dire encore de toutes ces personnes – le plus souvent, des jeunes filles ou des jeunes enfants – enlevés, torturés et assassinées? Et tous ces gens qui ont perdu la vie sur la route, victimes de chauffards, roulant à tombeau ouvert et, la plupart du temps, fortement alcoolisés?

            A l’instar de ce qui se passe en Allemagne, on nous parle d’un permis pour chiens. Très bien. A quand le permis de marcher – à points, je l’espère– pour ceux d’entre nous qui ne respectent pas, ou peu, les règles de sécurité? Imaginez deux points de moins pour avoir traversé en dehors des clous, trois points de moins pour avoir titubé au milieu de la chaussée après une soirée bien arrosée; il y en a qui ne pourraient plus sortir de chez eux au bout de quelques semaines.

Vous avez raison, combien je peux être stupide d’aimer les animaux au point de préférer croiser un staff américain, réputé dangereux, plutôt que certains individus que je suis, hélas! Forcé de côtoyer. Ce midi encore, sur une chaîne locale de télévision, un brave homme déclarait à sa manière: « Arrêtez de dire que les chiens sont agressifs. L’Homme est agressif et le chien ressemble à son maître». Bravo monsieur!

Je vais conclure ce chapitre par une dernière réflexion. Elle concerne la réintroduction de l’ours dans certaines régions de France. Je ne vis pas dans ces régions et ne suis pas le mieux placé pour porter un jugement. Je m’étonne tout simplement que, parallèlement à ces décisions, on crée aujourd’hui, au nom du principe de précaution, la psychose dans tout un Pays en montrant du doigt le chien, le meilleur ami de l’homme.

 

 



27/09/2007
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