La Fournaise

La Fournaise

APPELEZ MOI MARC

 

APPELEZ-MOI   MARC

 

Je vous écris entre les murs blancs de ma nouvelle demeure située, chemin de la Giroday, sur les hauteurs de Saint-Paul. On y découvre la ville du Port et l’océan qui s’étend à perte de vue. L’endroit est calme, surtout la nuit. Mon appartement n’a pas de toit ni de murs. Les murs blancs, dont je vous parle, sont ceux qui clôturent la grande propriété que je partage, avec de nombreuses familles du village.

Je suis arrivé ici il y a plus de soixante ans; je n’avais que quarante ans à l’époque. J’ai encore à l’esprit, les circonstances qui m’ont amené à emménager dans cette enceinte couverte de fleurs. Je venais de prendre ma retraite d’enseignant; une retraite anticipée, en raison des tracasseries que m’avait faites l’Administration, sous le gouvernement de Vichy. Je souffrais, depuis plusieurs mois, d’intenses douleurs qui m’empêchaient de dormir la nuit. Lorsque les médecins ont découvert le cancer qui me rongeait, il était déjà trop tard.

Porté par quatre gaillards, j’ai parcouru – après qu’on m’ait enfilé mon costume de sapin – les deux kilomètres qui me séparaient de ma nouvelle demeure. Derrière moi, marchaient, à côté de ma famille éplorée, de nombreux habitants du village, surpris et tristes de me voir partir aussi jeune. Beaucoup de ceux là, qui se croyaient immortels, m’ont rejoint depuis et partagent ma nouvelle existence.

Si le mot existence vous choque, venez donc me rejoindre et vous verrez qu’elle n’a rien à envier à la vôtre. Je doute, toutefois, que vous ayez envie de franchir la frontière qui sépare nos deux mondes et je vous comprends car, j’ ai longtemps pensé comme vous, moi aussi…

 

  

 

  

 

 

A   PROPOS   DE   LA   CRISE



09/12/2008
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